lundi 28 décembre 2009

Santa Cruz : Croix en U, Escargot, Ménnonites et Chiquitanos.

Santa Cruz, c’est une drôle de ville. C’est supposé être la plus grande ville du pays, mais quand on s’y ballade pour trouver un ami d’une ONG, on se retrouve à marcher dans des quartiers résidentiels, verts et tranquilles. Loin du centre ville qu’on imagine de la capitale économique d’un pays. Pas d’immeubles tellement grands que j’ai l’impression qu’ils me tombent dessus, pas de circulation à se faire écraser les pattes. Vu comme ça, c’est à La Paz qu’il y a tout ça. Même si l’or noir, c’est ici qu’on le trouve. Sur les murs, quelques insultes à Evo Morales, pour nous rappeler l’époque pas si lointaine des conflits qui ont secoué le pays en 2008. D’un côté quatre départements dits de la media luna, de l’autre les départements des indigènes et des hauteurs. Ceux de la média luna voulaient leur indépendance. Puisqu’un indien « communiste » dirige le pays à notre place, on part. Facile. Mais cela n’a pas marché comme ça. En fait, le pays est plus unis qu’il ne paraissait et plus personne aujourd’hui ne souhaite le voir se casser en plusieurs morceaux.
Santa Cruz, c’est quelque chose de particulier. Il y a les descendants des oustatchis, le célèbre mouvement nationaliste croate proche des nazis, et les autres, de ceux qui sont descendus des montagnes en laissant de côté leurs origines dont ils sont de nouveau fiers depuis qu’un certain Uro-aymara (plus Uro qu’Aymara en réalité, même si personne ne le sait) est président de la république. Il y les descendants allemands qui sont arrivés en 1914-18 et puis il y a ceux qui sont arrivés après la seconde guerre mondiale, comme Klaus Barbie qui a même eu droit à une fonction dans l’armée bolivienne, tout en travaillant pour la CIA probablement pour favoriser la prise de pouvoir de l’ancien dictateur "Banzer", lui aussi de Santa Cruz. Je dis ancien dictateur, mais j’aurais pu aussi dire ancien président du conseil constitutionnel, parce que cet homme fut élu après avoir été dictateur. En fait les Allemands ont apporté de la bonne bière, des bonnes saucisses, et des types pas trop sympathiques (enfin pas que, mais c’est pour faire cliché). Ici, il y a aussi l’Union juvénile crucègne qui mélangent sur les murs croix gammées et croix de Santa Cruz peut-être en souvenir de la croix du U oustachis ? . Sympathique ! Et pour compléter le tableau, il y a les indigènes amazoniens, les Chiquitanos et les Guaranis pour les plus nombreux. Ah, oui et j’oubliais les mennonites, tous plus ou moins habillés pareil : blonds yeux clairs en salopette et chemise unie pour les hommes et en bonne sœur pour les femmes. Eux, ce sont une secte protestante qui se considère comme la seule à savoir lire la Bible. A cela s’ajoute le plan d’urbanisation de la ville : sept anneaux qui s’imbriquent les uns aux autres, donnant à la carte de la ville l’allure d’un escargot. Santa Cruz, c’est entre autre tout ça.
Et nous ? Nous on cherche à rencontrer les Chiquitanos  qui sont en train de se faire construire une grosse route au travers de leur territoire dans le cadre de l’un des nombreux projets de l’IIRSA, Initiative d’Infrastructure Régionale de l’Amérique du Sud. Cette grosse route est censée – sur le papier - désenclaver les régions les plus isolés du continent. En réalité, elle sert surtout à acheminer les marchandises et les ressources naturelles extraites depuis les enclaves « productives » jusqu’aux endroits d’où on peut les envoyer plus loin (Europe, Etats-Unis, Chine, etc.). Et pour les zones où cette route « ne fait que passer », il semblerait qu’elle n’a que des impacts négatifs. Un ami d’une association de la deuxième couronne, la plus chic semble-t-il, nous met en relation avec les responsables d’une « central indigena » chiquitana.

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Kri kri
Irkita

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