mercredi 23 décembre 2009

Cochabamba : A la recherche de la guerre de l’eau (perdue)


Alors, la guerre de l’eau, c’est quoi ? Déjà faut savoir que Cochabamba, c’est la troisième ville du pays avec plus d’un million d’habitants, ainsi que la capitale de son département. Ensuite, savoir aussi que ce n’était pas vraiment une guerre, même s’il y a eu des morts. La guerre de l’eau, c’est une occupation des rues, des avenues et des administrations de la préfecture de Cochabamba par les paysans du département (et donc de l’équivalent d’une région française) et par les habitants de la ville. Faut dire que suite à la privatisation de l’entreprise publique de gestion de l’eau en 1999 les prix avaient sacrément augmenté pour les rats de la ville, et l’eau manquait pour les rats des champs, et surtout pour les habitants de la zone sud du Cercado (municipalité de Cochabamba). Et comme tout le monde avait soif, tout le monde s’est énervé, à juste titre ! En ville, c’est surtout ceux de la zone sud qui se sont mis en colère. Faut dire que pour eux, plus qu’une question de prix, le problème vient de l’accès à l’eau.

Là bas, ce sont 250 000 personnes, sans compter les souris, qui cherchent de l’eau. Enfin, c’est exagéré, mais c’est pour faire simple. Pour faire un peu plus compliqué, il y a quatre possibilités pour accéder à l’eau dans la zone sud. Si on vit dans un district (un quartier) où il y a un comité de l’eau (association des voisins formée pour gérer l’accès à l’eau, il y en existe aujourd’hui 140), on file un coup de pattes pour creuser et entretenir un « puits collectif », et théoriquement, on a accès à de l’eau pour pas trop cher. Sinon, faut acheter l’eau aux camions citernes qui parcourent les quartiers pauvres. Là, c’est presque dix fois plus cher. Certains comités de l’eau aimeraient bien avoir un puits, mais ils ne trouvent pas d’eau, ils achètent donc de l’eau aux camions-citernes, mais « en gros », pour la distribuer ensuite aux habitants. Ca revient un peu moins cher. Troisième option, l’eau en bouteille. Solution hors de prix et donc pas imaginable. Mais bon, faut bien boire. Et comme les sodas gavés en cholestérol sont aux même prix, devinez ce qui charme le mieux les papilles des enfants ? Enfin, on peut ne pas utiliser d’eau tout court. Mais bon, à moins d’être un chameau (au fait, combien de bosses ?), c’est plus le contraire d’une possibilité qu’une possibilité et de toutes façons, dans ces cas là, on ne tient pas très longtemps. Comme on dit: « Sin agua, no hay vida » (sans eau, il n’y a pas de vie). Et alors, pas de solution possible avec l’entreprise publique ? Avant la privatisation, il n’y en avait pas, 4 des 6 districts de la zone sud n’étaient pasconnectés au réseau. Pour aujourd’hui, on va voir ça !

Parce que finalement les gens ont gagné la guerre, l’entreprise privée (consortium dirigé par l’états-unienne Bechtel) est partie et l’entreprise publique a récupéré la gestion de l’eau de la ville. Nous, on est là pour voir, neuf ans après, comment les choses ont évolué. La guerre de l’eau, c’est tout un symbole.

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Kri kri
Irkita

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