mardi 15 décembre 2009

6 décembre 2009 : Evo de nuevo (Evo de nouveau)

Le jour des élections présidentielles, parlementaires, et portant sur les autonomies départementales, régionales et des municipalités indigènes, dans toute la Bolivie, il est interdit de se déplacer en voiture sauf autorisation spéciale et de vendre de l’alcool. Cela a pour conséquence de transformer la ville en une énorme zone piétonne. Et pour une ville comme la Paz, qui est en temps normal saturée de taxis et de minis, une sorte de Renault Espace mais de marque japonaise faisant office de transports en commun, c’est pas vraiment désagréable. Un poil (de souris ?) dur de se déplacer, notamment pour aller voir les gens voter. Du coup, on s’est cantonnés à faire le tour de notre quartier. Ici, comme ailleurs, on vote dans les collèges. Niveau organisation, mise à part le fait de tremper sa patte, heu son doigt, dans de l’encre, c’est la copie conforme de ce qui se fait dans le bureau de vote où je votais dans le 11ième à Paris. Et oui, les souris aussi, ça vote. Et ici, tout le monde a été d’accord pour dire que ces élections ont été exemplaires et historiques. Historiques pour le taux de participation de 94% et par le score (64%) du couple Evo Morales /Alvaro Garcia Linera : le syndicaliste autodidacte indigène aymara-uros et l’universitaire (qui se dit aussi autodidacte) révolutionnaire blanc. Ici, on vote toujours pour un couple présidentiel. En face, comme principal opposant, on trouvait le couple Manfred Reyes Villa ouvertement homophobe et ancien militaire, actuellement en prison, accusé d’un massacre dans le département du Pando  ! Bref, ce n’était pas trop dur de gagner. Mais avec plus de 62% au premier tour et plus des trois quarts des sièges à la nouvelle Assemblée Plurinationale (chambre basse et sénat), le MAS va avoir les mains libres pour transformer le pays comme il souhaite le faire. De ce que j’ai compris, ils voudraient développer un modèle de capitalisme andin et amazonien avant d’accéder à celui de socialisme du XXIème siècle. Comme aucun de ces concepts n’est clair, du moins pour moi, y a plus qu’à !
Bon, la foule présente, même si à notre surprise n’est pas très nombreuse (500 personnes ?), interdiction de se déplacer oblige, est hyper euphorique. Sur la place Murillo, à côté du parlement et du palais présidentiel, tout le monde attend le discours d’Evo en buvant de la bière. Ben oui faut dire que l’interdiction de vendre de l’alcool est courageusement bravée par une myriade de vendeurs ambulants. Enfin, voilà Evo qui nous fait un discours enflammé, peut-être un brin politicien, de 15 minutes. Mais c’est quand même rare de voir un chef d’Etat lancer à la foule : « Mes sœurs, mes frères… » Puis tous ensemble (Ouais !) nous regardons le feu d’artifice qui me fait un peu peur. La plateforme de lancement est quasiment au milieu de la foule. Puis s’en suit ne bonne fête : musique et dance au programme. J’ai même pu voir Alvaro (ici on appelle les hommes politiques par leur prénom) danser avec un gros poulet. Jérémy m’a expliqué qu’en fait c’était un condor et que dans toute la partie andine de l’Amérique, c’est un oiseau sacré ! N’empêche, j’ai bien rigolé, tous ceux qui étaient là aussi.


Allez en coeur : Evo de nuevo ! Evo de nuevo !

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