jeudi 14 janvier 2010

02-01-2009 : Coroico, c’est quoi, le cri du coq ?

Après un premier jour de l’année passé à nous reposer, nous voici sur le départ de « bonne heure de bonne humeur » pour Coroïco. En plus de ressembler au cri du coq, Coroïco est une sorte d’Ibiza ou de Saint-Tropez bolivienne, petit village touristique entouré de végétation tropicale, niché sur une colline à moins de 2000 mètres d’altitude dans la région des Yungas. Un petit paradis.

Les Yungas, c’est l’une des deux régions officielles (parce qu’il y en a d’autres, officieuses mais connues de tous) de production de la feuille de coca. C’est aussi la seule région de production légale où la feuille de coca est cultivée « pour la mastication ». C’est celle qu’on trouve sur tous les marchés de Bolivie. Les connaisseurs la reconnaissent à sa taille : la feuille des Yungas est plus petite. L’autre région officielle de production de la coca est le Chapare, où, malgré une production plus abondante, sa culture n’est pas reconnue « légalement ». Officielle mais pas légale, coca(sse) (facile), non ? Cela reflète plutôt bien la complexité bolivienne. De plus, le Chapare est la province dans laquelle l’actuel président du pays a fait ses premiers pas « politiques » en tant que délégué syndical des cultivateurs de coca , ce qui, associé à l’importance de la production, devrait faire que la région soit bientôt reconnue légalement comme celle de production de la feuille de coca.


Quoiqu’il en soit et quoiqu’on en dise, dans les vallées autour de Coroïco, on cultive la coca depuis des générations qui remontent aux moins jusqu’aux Incas et probablement avant. Les Yungas, c’est aussi la région des afro-boliviens, qui aujourd’hui parlent le quechua et portent des tresses comme les cholas. Je vous vois froncer des sourcils. Qu’est ce que raconte la petite souris ? Les « cho » quoi ? Les cholas ! (Non, non, rien à voir avec l’expression du sud de la France signifiant « fille facile »*). Ce sont les femmes aymara-quechuas, appelées aussi de façon plus politiquement correcte « las mujeres de pollera » (les femmes en jupe), habillées de façon traditionnelle. Enfin presque traditionnelle ! Parce que leurs jupes brillantes viennent de Corée du Sud et leurs tabliers sac-à-main-porte-monnaie à carreaux bleus sont fabriqués en Chine. Vive la mondialisation ! Pour dire leur popularité, à La Paz, il y a même un spectacle populaire et touristique de lutte libre dans lequel elles se crêpent les tresses (qui vont toujours par paire). Ambiance ! Pour revenir aux afro-boliviens, on dit même que la mélodie de la fameuse lambada a été composée par eux (pour le lien, c’est une analyse complète du phénomène lambada, genre thèse sur la chanson, il faut chercher « Bolivie »).

En plus de la coca et des afro-descendants inventeurs de la lambada, à Coroïco, on trouve les Paceniens (habitants de La Paz) qui viennent y passer les week-ends ou les vacances, ainsi que des étrangers, qui, pour la plupart, sont encore en train de prier chacun leur(s) dieu(x) de référence pour être encore en vie suite à la descente à vélo de la fameuse route de la mort, une des attractions les plus vendues par les agences de tourisme de la Paz.

Et aussi incroyable que cela puisse paraître à priori (parce qu’à posteriori quand on pense au petit village qu’est en réalité Saint-Tropez, il n’y a pas vraiment de quoi être surpris) la place du village se transforme en boite de nuit « hyper tendance » les soirées de jours chômés. On y retrouve toute la jeunesse branchée de la capitale, accompagnée de touristes « cyclistes de la mort » dansant sur une musique néo-traditionnelle à tendance reaggeton. Imaginez le spectacle !

De notre côté, avec deux amis boliviens, nous avons marché longeant des champs de coca cultivés en terrasses comme en Provence, à la recherche des cascades introuvables, puis, le soir venu, nous sommes allés diner dans un restaurant mexicain sans frijoles, ni quacamole, ni tortillas, bref sans nourriture mexicaine. Nous y avons donc mangé un pique-macho : une montagne de frites, de fromage local, de tomates, de poivrons, de morceaux de filet de bœuf d’oignons, le tout revenu dans une sauce genre sauce soja piquante ! Avec le salchipapa (frites et saucisses revenus dans le plus d’huile possible), c’est Le plat bolivien. Je suis un peu moqueuse parce qu’il y a plein d’autres plats typiques que j’oublie, mais ce n’est pas si loin que ça de la réalité. Tout ça pour dire qu’en Bolivie ce qui est prévu n’est pas forcément ce qui arrivera… et le « forcément » est peut-être de trop. Faut faire avec, mais c’est aussi ce hasard fluctuant qui fait le charme du pays, non ?



--
Kri kri
Irkita



*L’expression du sud de la France signifiant « fille facile » est bien entendu « chaudasse »

2 commentaires:

  1. Hola amiga mia
    Como te va?
    Et toi tu l'as faite la route de la mort en vélo?
    Tes photos sont toujours aussi belles!
    Besitos parisinos
    Libertad

    RépondreSupprimer
  2. Coucou copine,

    Non, moi j'suis bien trop trouillarde pour la faire à vélo. On s'est contenté de son prolongement en bus et c'était bien suffisant.

    Des kri kri
    Irkita

    RépondreSupprimer