samedi 16 janvier 2010

03 et 04-01-2010 : Caranavi, « ton aventure commence ici »


Quand je disais que les charmes de la Bolivie se situent aussi dans la systématisation de l’aléatoire, je plaisantais bien entendu. Si parfois l’imprévu peut être amusant, rien de plus pénible qu’un transport qui disparait dix minutes avant le départ, surtout quand on a un rendez-vous important de prévu à l’arrivée.

C’est en somme ce qui nous est arrivé au départ de Coroïco pour Caranavi. Mais heureusement, pour compenser cet aléatoire et les imprévus, il y a la souplesse des règles. Ainsi, nous avons pu embarquer dans un bus plein avec nos sacs et tout notre bazar. Si pour moi cela ne change pas grand-chose puisque je peux me faufiler dans une poche, pour Anna et Jérémy, cela signifie « trouve-toi-une-place-par-terre-dans-la-boue-parce-dehors-il-pleut-bien-entendu-ou-reste-débout ». Heureusement, pour palier à l’absence de confort, les à-pics vertigineux et l’étroitesse de la route nous occupent le temps qu’une place se libère (après une bonne heure d’attente) : nous sommes sur la continuation de la fameuse route de la mort, et nous comprenons vite que son nom est mérité. Et une fois enfin assis, la thérapie « ferme-les-yeux-ça-ira-mieux » nous a permis de finir le voyage sans faire une crise cardiaque. A l’arrivée, le slogan de la compagnie de bus nous accueil avec humour : «Avec nous, ton aventure commence ici ». Bon, comme il faudra faire le même chemin pour le retour, on rigole quand même un peu jaune !

Nous voici donc sains et saufs ou presque à Caranavi, appelée aussi « la porte de l’Amazonie ». Ici, nous sommes venus rencontrer un dirigeant indigène. On nous a expliqué qu’il représente un peuple en conflit avec le gouvernement à propos d’un projet d’exploitation de pétrole sur son TCO (territoire communautaire d’origine), surtout en raison de l’absence de consultation populaire, chose pourtant obligatoire selon les termes de la nouvelle constitution du pays, sans parler de nombreuses lois internationales et nationales (comme l’article 169 de la Convention de l’OIT qui a été traduit en loi en Bolivie). Le dirigeant qui nous reçoit nous explique qu’effectivement, alors qu’ils souhaitent mettre en place des projets de développement « sustentable y sostenible » (culture de cacao, écotourisme, etc.), le gouvernement explore leur territoire afin d’y exploiter le pétrole à l’avenir, ce qui ne leur plait pas beaucoup. Mais au-delà du fond, au niveau de sa forme, la discussion a un surprenant côté « entretien d’embauche ». On a même eu droit à la lecture d’une présentation PowerPoint à voix haute. Désolés, nous devons expliquer à la fin de la conversation que nous ne sommes pas là pour donner de l’argent. Déception…

Surprenant aussi d’apprendre comment s’organise la collaboration avec les ONG. L’une d’entre elle par exemple, qui ne payait pas les sodas et le téléphone portable (entre autres) des dirigeants en voyage s’est vue remercier au profit d’une autre plus conciliante vis-à-vis de ces demandes. Un peu comme si un salarié démissionnait pour changer d’employeur parce qu’il est mal payé. Plus concrètement, la nouvelle ONG leur donne 10 000 dollars - « pour l’année ?», demandons-nous - «non, pour deux mois », nous répond-on, « le temps d’essayer ». Cela peut paraitre surprenant, mais c’est une illustration de ce que peut-être la relation ONG-Communautés indigènes en Bolivie, et probablement ailleurs. Merci pour la leçon.

A Caranavi, on admire aussi le résultat des piqures de moucherons voraces sur nos mollets roses à petits pois et on mange la seule chose qu’il est possible de manger (car si par caprice nous avions voulu manger autre chose, cela n’aurait de toute façon pas été possible). Sur la route-rue principale de Caranavi, il y a 50 snacks-restaurants qui servent tous exactement la même chose : du poulet broaster. Cela ressemble à du poulet en croute, un peu comme celui qu’on trouve chez le numéro un de la cuisine rapide en France et dont le sigle est un grand M doré. Pour ma part, puisque je n'ai pas de dollars à grignoter, je fais diète. Demain, départ à 5 heures pour la Paz et par la route de la mort. J’en tremble d’avance.

--
Kri kri
Irkita


PS : Pour ceux qui veulent en savoir beaucoup plus sur les indigène/originaires en Bolivie, ce lien Larousse semble bien complet.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire