lundi 3 mai 2010

03-02-2010 : Jaen à Imacita, direction l'Amazonie, la vraie...

(Mise à jour le 4 mai 2010)
4h30 du matin, après une nuit très courte, nous voici au lieu de rendez-vous prévu avec notre ami rencontré il y a quelques jours à Bagua qui devrait être accompagné par l’apu des apus du district du Cenepa. Pourquoi y être aussi tôt ? Pour arriver à destination le soir même. Or, des travaux sur la route coupent le passage entre 11h et 16h, il faut donc passer avant.

15 longues minutes se passent avant que nous décidions d’appeler, histoire de réveiller nos compagnons de route qui sont surement en train de rêver qu’ils sont à l’heure : « allo, qu’est ce que vous faîtes ? » « Et vous, on est là, où vous êtes ?» nous répondent-ils. Moment d’hésitation … « Non, nous on est au lieu de rendez-vous et vous n’y êtes pas ». « D’accord, on arrive… ». Le désormais classique « on arrive » nous fait craindre le pire. Cela veut dire qu’on vient de les réveiller et qu’ils doivent encore se préparer. Pour le moment, rien de grave, puisque, contrairement à ce qui était prévu, aucune voiture n’est prête à partir, il faut attendre 5h, pas avant. 4h55, nous rappelons de nouveau nos amis : « Allo, où êtes vous, la voiture va partir ! ». « Ah, en fait, on va vous rattraper plus tard parce qu’on a reçu un coup de fil et on doit voir un conseiller ce matin ». Un coup de fil d’un conseiller à 4h du matin… Bon, on va donc faire la route seuls.

Première étape, Bagua. C’est lors d’un petit déjeuner ce matin là qu’on aura la fameuse conversation avec une métisse sur le supposé cannibalisme des Awajuns, la même qui, ayant vécu 40 ans à la porte de l’Amazonie, n’y a jamais mis les pieds …Bon, c’est son choix, comme on dit, et son petit déjeuner rattrape un peu ses propos incongrus. Toujours pas de nouvelles de nos amis. Nous poursuivons seuls. La chaleur et l’humidité augmentent progressivement, jusqu’à notre arrivé à Imacita, le bout de la route et le commencement du fleuve sur lequel nous devrions poursuivre…mais pas avant demain, nous apprend-on, car, vus les travaux sur la route, nos deux compères n’arriveront pas avant ce soir, et c’est impossible de partir de nuit. Pas grave, nous nous sommes rapprochés de quelques heures et nous n’avons jamais été aussi près de l’Amazonie et des communautés Awajuns du Cenepa, notre objectif depuis maintenant bientôt une semaine.

Pour patienter, nous rencontrons le dirigeant de l’organisation Awajun du district de Imacita et il nous confirme le divorce entre les indigènes et le président du pays, Alan Garcia. Ils n’avaient pas apprécié de se faire traiter de « chiens du jardinier », nous répète-il, mais se faire tirer dessus le 5 juin 2009semble définitivement avoir compromis les derniers espoirs de réconciliation. Ce qu’ils veulent, c’est qu’on respecte leur mode de vie et qu’on les traite en égaux. Bien, c’est clair. Nous poursuivons, en allant saluer le maire de la ville avec qui nous avions fait connaissance à Bagua lors de la réunion de l’ORPIAN et dont le discours énergique nous avait plu, d’autant plus que nous avions pu le comprendre (il parlait en castillan). « Hola, les amis, vous dormez où ? ». « Pour l’instant, nulle part ». « Très bien, alors vous venez dormir à la maison ». On ne se fait pas prier.

Quelques heures plus tard, après en avoir appris beaucoup plus sur le 5 juin, notamment la présence, le jour des événements, de deux volontaires belges dont les photos ont fait le tour du monde et sans lesquels nous n’aurions que la version du gouvernement, après avoir lu avec effroi l’article d’un éditorialiste parlant des indigènes comme on devait (peut-être) en parler à l’époque où l’on se demandait s’ils avaient une âme, après s’être régalés d’un délicieux plat de pâtes à la sauce blanche préparé par notre hôte et avoir bu quelques bières en compagnie de l’apu des apus du Cenepa arrivé entre temps, après, enfin, avoir eu le fin mot de l’histoire sur son retard de plus de 5 heures, nous nous retrouvons au lit, pour quelques courtes heures de sommeil avant le grand départ pour les entrailles de la forêt la plus emblématique de la planète… Entre anxiété et excitation, je m’endors rapidement, pas mécontente de tout ça.

Ah, oui, vous voulez peut-être savoir pourquoi nos compagnons de route ne nous ont pas rejoint à 4h30 du matin au lieu du rendez-vous? Et bien, l’apu des apus, qui est aussi professeur, a rencontré des anciens élèves ou des collègues (on n’a pas bien compris), la veille au soir. Ils l’avaient invité à une bière, puis à une autre, et ainsi de suite. Le coup de fil de ce matin devait donc être celui d’une blonde (sûrement une Cristal, une des bières péruviennes) bien fraîche dont l’abus donne mal au crâne … Ah ! Ces humains.


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Kri kri
Irkita

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