mardi 25 mai 2010

15-02-2010 : Piura, Rondas Campesinas et communautés paysannes contre les multinationales. Meurtres, tortures et consultation populaire.

Piura est une des premières villes construites par les Espagnols quand ceux-ci débarquent sur les côtes de ce qui était encore l’Empire Inca. Elle fut, probablement, une jolie cité coloniale, comme il y en existe beaucoup en Amérique du Sud. Le doute subsiste, un peu, à la vue de ce qu’il en reste aujourd’hui. n a laissé se délabrer les anciens bâtiments jusqu’à ce qu’ils soient tellement en ruine que les raser et construire à la place de vilains immeubles, modernes et sans aucun souci esthétique, ne soulève aucune contestation. Malgré tout le mal qu’on puisse penser de la colonisation, c’est un peu triste.

1 – Le retour des conflits miniers : souris des champs et souris des villes

Tout cela ne nous affecte pas longtemps et surtout ne nous empêche pas de renouer avec notre sujet favori au Pérou, les conflits miniers. Il faut dire que notre intérêt pour ce thème est largement justifié: selon la Defensoria del Pueblo, sur les 238 conflits sociaux actifs en mars 2009, 116 sont socio-environnementaux et 82 sont liés à des projets miniers. Alors, comme on va rencontrer des avocats et des employés d’ONG, on se remet en habits de ville, enfin, je parle pour mes compagnons, puisque pour ce qui me concerne, l’habillage souris d’ordinateur, qui ne fait réagir personne (merci les copains), me permet d’être tout terrain. On a un peu l’impression de reprendre le boulot après une période de vacances. Après un café avalé rapidement, nous voici partis pour une journée bien remplie : rendez-vous le matin, rendez-vous le soir et, entre temps, préparation des visites pour le lendemain et le surlendemain. Les prochains jours nous amèneront à Tambogrande et à Ayabaca, avant de tirer notre révérence au Pérou pour passer du côté de l’Equateur.

Mais ce n’est pas pour tout de suite. Revenons à nos souriceaux. Dans les conflits socio-environnementaux, bien souvent (mais pas toujours), il y a les « souris des champs », celles qui vivent le conflit physiquement, et les « souris des villes », celles qui défendent les souris des champs parce qu’elles connaissent le langage des « chats » qui agressent leurs camarades de la campagne. Autrement dit, il y a celles qui se défendent et celles qui défendent celles qui se défendent, parfois même en attaquant ceux qui ont commencé à attaquer. La meilleure défense c’est l’attaque ? Peut-être, sauf qu’on n’est pas toujours belliqueux et que pour attaquer, il faut aimer se battre, ce qui n’était pas forcement le cas des communautés paysannes des provinces d’Ayabaca et de Huamcabamba. Finie l’introduction. Préparez-vous à fournir un effort de lecture prolongée car je m’apprête à vous conter l’histoire du combat des communautés paysannes péruviennes de la zone frontalière avec l’Equateur (région de Piura) contre les compagnies minières transnationales, du moins, ce que j’en ai compris.
 
2- Tambogrande, la mère des toutes les résistances

Tout commence à Tambogrande, une ville à quelques kilomètres de Piura, dans le nord-ouest du Pérou. C’était une ville connue pour ses mangues sucrées et juteuses et ses citrons acides à souhait, mais elle devint vraiment célèbre lorsque, pour faire face à un projet d’exploitation minière et après 7 ans de résistance, ses habitants organisèrent une consultation citoyenne en disant « non à la mine » avec 95% de voix. L’événement fut largement commenté, longuement discuté et se diffusa dans les communautés des alentours et même dans les pays voisins. D’autant plus que de façon plus ou moins directe, le résultat de la consultation aboutit au départ de la compagnie minière. Les prêtres de la théologie de la libération en discutèrent dans leur paroisses, les ONG nationales ayant contribué à cette victoire rédigèrent des rapports d’analyse, si bien que très rapidement tout le monde sut ce qui s’était passé à Tambogrande et pourquoi les habitants avaient dit non à la mine, pourtant présentée, à l’époque,  comme la panacée au sous-développement. Rapidement, tout le monde a su qu’une mine d’or c’est sacrement polluant, que, entre autres désagréments, ça contamine l’eau avec des substances pas très catholiques comme le cyanure, le plomb et d’autres - aux noms finissant en « ium » -, tous considérées comme fortement cancérigènes, notamment pour les petits rongeurs ( !!!), voire bloquant  la croissance du cerveau des enfants ! (voir à ce sujet, le reportage « Comment l’or empoisonne la Guyane française »)

Alors, lorsque à quelques kilomètres de là, dans les provinces d’Ayabaca et de Huamcabamba, les communautés découvrent que leurs territoires sont également concessionnés à des entreprises minières, elles décident que chez elles aussi, « le ménage doit être fait », d’autant plus qu’elles ont la loi de leur côté. La législation péruvienne est claire sur le sujet. Si une entreprise (ou un particulier) souhaite acheter une terre appartenant à une communauté paysanne, il faut que celle-ci vote l’autorisation de vente aux deux tiers en assemblé générale. Et comme il ne s’agit pas de n’importe quelle communauté, très rapidement la mobilisation est massive. La force de ces communautés est d’être déjà structurées autour d’une organisation. A Ayabaca et à Huamcabamba, on est dans des bastions des rondas campesinas. Ici, tout le monde ou presque est membre d’une ronda, car naitre dans une communauté, c’est être comunero, et être comunero, c’est être rondero. Et être rondero, c’est faire justice, en général à la place de la police et de l’Etat en qui on n’a pas confiance. Or, les compagnies minières à qui l’Etat a attribué des concessions, se sont installées sur les terres des communautés de façon illégale.


3 – 2003, 2004 : Premières victoires

Rapidement, en 2003 et 2004, les premières manifestations ont lieu à Piura. Dès le début, elles réussissent à mobiliser des milliers de paysans. Malgré le coût et la durée des trajets pour accéder à la capitale régionale,  jusqu’à 5000 personnes répondent à l’appel. Face à l’ampleur de la mobilisation et se sachant légalement en tort, les premières entreprises mettent les voiles. Il s’agit des plus visibles, dont les concessions se situent parfois en pleine ville (district de Carmen de la Frontiera). Cette partie de l’histoire, nous la connaissions déjà un peu. Elle nous avait été racontée, brièvement, par le président d’une des coopératives de café bio de San Ignacio (APROCASI). Les exploitations minières dont il était question impactaient directement les provinces d’Ayabaca, de Huamcabamba, mais aussi de Jaen et de San Ignacio. Dans cette dernière, on ne voulait pas que le café organique perde sa certification à cause de l’exploitation minière qui polluerait les sources d’eau utilisées pour les cultures. De leur côté, trois évêques déclarent leurs paroisses « libres de l’industrie minière». Si cela n’pas de valeur légale, la valeur symbolique est forte dans ces régions très catholiques. Le « nettoyage » doit se poursuivre.

Et il se poursuit. Il se dit qu’il existe une autre concession. Celle-ci, isolée et éloignée des lieux habités, se situerait sur un territoire proche de la frontière avec l’Equateur, dans des contrées inaccessibles, où personne ne va jamais, là où les rivières naissent. C’est une zone très reculée, à quelques 20 km des dernières habitations. Pour y aller, il faut être courageux… ou posséder un hélicoptère. La marche est longue et fatigante. Mais, s’il s’agit de terres inhabitées, pourquoi s’en préoccuper ? Au delà du fait que ces terres appartiennent toujours à deux communautés, leur préservation est primordiale pour tous ceux qui vivent aux alentours. En effet, en plus d’y trouver les sources des principaux fleuves de la région, il s’agit de zones de paramos et de « bois nuageux », deux écosystèmes frères qui possèdent la faculté de capter l’eau des nuages avec lesquelles elle sont en contact. Dans le cycle de l’eau, et pour faire une comparaison hasardeuse avec la reproduction des souris, il s’agirait de l’endroit où a lieu la fécondation. D’où son importance. La problématique environnementale est la même que pour la mine Afrodita sur les terres des Awajuns .

4 – 2004, La concession oubliée

« Continuons ce que l’on a commence », se disent les communautés. Elles apprennent que cette concession existe depuis 1999. Dans un premier temps, elle était aux mains de Coripacha SA, une entreprise péruvienne à qui quelques dirigeants avaient donné l’autorisation, sans consulter la communauté, pour la phase d’exploration. En 2001, la concession est revendue à une société à capitaux anglais, Monterrico Metals. Associée avec la première, elle crée la compagnie minière Majaz, qui deviendra Rio Blanco par la suite.

L’isolement de la concession et sa situation - à cheval sur deux provinces, sur deux communautés et sur deux districts - expliquent pourquoi pendant quatre ans personne ne s’était douté de ce qui s’y passait. En avril 2004, lorsque 4 communautés, entre 5000 et 8000 personnes, décident d’aller vérifier l’existence de cette mystérieuse concession, pour, si son existence se vérifie, réclamer le départ de l’entreprise de leurs terres, elles découvrent que la concession existe pour de bon et qu’elle s’étale sur 80 000 hectares. Les paysans font aussi connaissance avec les pratiques de la compagnie minière ainsi qu’avec ses méthodes de dialogue musclé : un paysan est tué par une bombe lacrymogène qui l’atteint en pleine tête tandis que de nombreux autres sont blessés. Mais le triste décompte ne s’arrête pas là, puisque l’année suivante, en juillet-aout 2005, alors qu’une seconde grande marche mène de nouveau des milliers de paysans aux installations de l’entreprise minière, les marcheurs sont attaqués, cette fois-ci directement par Direction Nationale des Opérations Spéciales, dont les forces sont déployées en nombre pour protéger les installations de la compagnie, pourtant illégales, épaulée par les employés d’une entreprise de sécurité privée, la fameuse FORZA(constituée d’anciens membres de la Marine de guerre ayant été chargés des basses besognes lors du règne de Fujimori). Au bilan de cette attaque, on comptera 1 mort, tué par balle, et de nombreux blessés. 32 personnes, dont deux femmes et un journaliste, sont séquestrés et torturés pendant 3 jours. Les femmes seront menacées de viol. En réponse, le gouvernement, au lieu d’ouvrir une enquête sur ces bavures, met en accusation 106 paysans. Autant dire qu’on ne leur fait pas de cadeaux.

Ces terribles événements ne réussissent pas pour autant à démobiliser les paysans pour qui la réplique se doit d’être pacifique. Alors, malgré les 106 procès qu’ils ont sur les épaules, ils acceptent de participer aux tables de dialogue mises en place par le gouvernement de Toledo, qui les endort, jusqu’à ce que son successeur, le docteur Alan Garcia, dont la conception du dialogue est assez originale, décide d’intensifier … la criminalisation de la contestation sociale. Le dialogue est rompu. L’Etat péruvien a choisi son camp, celui de la mine. Il faut dire que la plus grosse fortune du Pérou, Dionisio Romero, propriétaire du groupe le plus riche du pays (Grupo Romero, entre autres spécialisé dans l’exploitation du bois amazonien), qui se dit de centre-gauche et qui aime bien Alan Garcia, est de la région. Il devrait, par ailleurs, racheter 20% des parts de la mine si l’étude d’impact environnemental est validée…


5 –2007,  La consultation populaire

Le dialogue est rompu et les communautés ne vont pas prendre le risque de se faire de nouveau tirer dessus. Alors, en 2007, sur les conseils des « souris des villes » et en s’inspirant de l’expérience de Tambagrande déjà vieille de 5 ans, les communautés des provinces d’Ayabaca, de Huamcabamba et du district de Pacaipama vont faire pression sur leurs maires pour que ceux-ci signent les décrets permettant l’organisation d’une consultation portant sur la présence de la compagnie minière. Au Pérou, le maire d’une province possède la compétence de promulguer des lois locales. Il est donc le seul à pouvoir donner une valeur légale à la consultation, qui, en elle-même, est rendue possible par la loi de participation citoyenne (ley 26 300) .
La réponse du gouvernement ne se fait pas attendre. En plus de poursuivre plus de 300 paysans en justice, il se lance, avec l’aide de la presse, dans une campagne de déstabilisation visant à décrédibiliser le processus pourtant démocratique et légal. De leur côté, forts de l’expérience de leurs voisins de Tambogrande (que nous irons visiter le lendemain), les communautés sont prêtes à aller jusqu’au bout, d’autant plus qu’il s’agit d’exprimer leur opinion et de faire valoir leur droit de façon pacifique. L’Etat péruvien ouvre les hostilités. Elles s’initient sur le plan médiatique. Les journaux et les radios « paysannes » publiques - les seules captées dans certaines zones rurales -  sont récupérées par le gouvernement et servent de caisse de résonnance à ses accusations et ses  mensonges. Trafic de drogue : « il y a des narcotrafiquants derrières cette histoire de consulta ». Antipatriotisme : « en fait, ce sont les Chiliens qui ne veulent pas de concurrents pour le cuivre ». Démotivation : « allez voter, cela ne sert à rien, cette consultation est illicite et n’a aucune valeur légale » Sans oublier évidement d’accuser les paysans de terrorisme. Quant au gouvernement, il se charge directement des organisateurs de la consultation. Alors que les mairies demandent à l’administration chargée d’organiser les élections (OMPE) qu’elle participe à l’événement (ce qui est conforme à la procédure), celle-ci menace les fonctionnaires en les accusant d’usurpation de fonction. Le matériel électoral est victime d’un vol à main armée à Piura, la capitale du département. Le Ministère de l’éducation nationale interdit l’utilisation des écoles comme lieu de votes.

Malgré tout cela, malgré les menaces, malgré les procès et pour qu’il n’y ait plus de blessés, de morts et de tortures, rien ne réussira à empêcher le bon déroulement de l’événement. Pourtant, le jour du vote, les choses auraient pu mal tourner. En guise de provocation finale, le gouvernement envoie sur place 300 policiers des forces spéciales « pas pour organiser la sécurité de l’élection, mais pas assurer la sécurité des citoyens dans les rues de la ville ». Les rondas se chargent elles-mêmes de la sécurité, et elles ont l’habitude de le faire. Aucun acte de violence n’est à rapporter, et le jour J, le 16 septembre 2007, les communautés se mobilisent massivement. Une large participation, qui accorde une large majorité (à 95%) des votes au « non à la mine ». Ce résultat est sans appel, et l’organisation sans faute donne une forte légitimité aux revendications des paysans, à défaut d’avoir réussi à obtenir la reconnaissance légale.
Trop de pression, accès compliqué, chute des cours des matières premières : l’entreprise ferme son antenne d’Ayabaca. « Pendant les travaux, les affaires se poursuivent » pourrait-on dire, car entre temps la Majaz, qu’on appelle maintenant Rio Blanco, est devenu chinoise, rachetée majoritairement par le Zijin group. Ce groupe minier rénové recentre désormais sa stratégie de séduction des communautés sur le seul secteur de Huacambamba.

6 – 2009, En attendant la Justice péruvienne … vive la Justice anglaise !

Cependant, le référendum est une victoire en demi-teinte. Car du côté de la Justice, les choses n’avancent pas, et la plainte déposée en 2005 pour tortures accumule la poussière. Une famille de souris y a peut-être déjà fait son nid… Rien que pour rassembler les preuves des tortures, il aura fallu 2 ans pour faire venir des médecins de la capitale, Lima, parce que les médecins de la région de Piura n’ont pas voulu examiner les blessures par peur de représailles. En 2007, Les blessures sont confirmées. Plusieurs années après les faits, les séquelles sont toujours visibles. Mais rien n’y fait, du côté de la justice péruvienne, rien ne bouge pas.  Alors, la Coordination Nationale des Droits Humains, un groupe d’avocats péruviens, en lien avec un groupe d’avocats britanniques réussissent à déposer une plainte devant la justice anglaise. En janvier 2009, ils révèlent à la presse des clichés en leur possession. Ce sont des photos prises par les employés de la compagnie de sécurité de l’entreprise (certainement pour rendre compte à leurs supérieurs) prouvant qu’il y a eu bel et bien violation des droits de l’homme. Quelques mois plus tard, la CNDDHH et les avocats anglais réussissent à faire enregistrer la plainte auprès de la justice anglaise et la Monterrico Metals se voit obligée de geler 8 millions de dollars pour indemniser les victimes si elle est jugée coupable.


7 – 2009-2010, Achat des consciences et nouvelles victimes

L’entreprise passe alors à une nouvelle étape de sa stratégie. Puisqu’il existe sur place une contestation forte, puisque les autochtones font de la résistance, puisqu’ils sont organisés, il faut devenir populaire et « se créer une base sociale ». Le but est, dans un premier temps, de diviser la communauté pour, dans un second temps, bénéficier de l’appui d’un « groupe pro-mine » préalablement constitué par divers moyens. Par exemple, ayant compris le rôle des rondas campesinas, véritable colonne vertébrale de la résistance anti-industrie minière dans le département,  l’entreprise va s’employer à constituer sa propre ronda. Elle s’attaque aussi aux jeunes, qu’elle considère surement comme des proies plus faciles. Une ONG, nommée Integrando, fait son apparition. Dans un premier temps, elle se propose « d’aider » les paysans en leur fournissant des semences d’haricot transgénique, qui, comble du comble, se révèlent complètement inadaptées à la région et aux conditions climatiques. La récolte est un désastre. Entre temps, l’ONG se fait démasquer. Les membres de son bureau, enregistré à Piura, la capitale régionale, sont aussi des membres de l’APRA, le parti du président Alan Garcia. Malgré l’échec des OGM et sa compromission avec le parti au pouvoir, la nouvelle venue n’a pas dit son dernier mot. Alors que les journées de travail sont en moyenne payées 10 soles, elle en donne 40 pour des travaux … d’entretien des routes ! Pour les comuneros dans la nécessité, le calcul est rapidement fait : gagner quatre fois plus pour ne rien faire ou presque, boissons comprises apparemment, ça vaut le coup. Elle finit par réussir à rallier un groupe de jeunes. Les premières escarmouches avec les autres membres de la communauté ne tardent pas. Le 5 juin 2009, une comunera est attaquée à coups de machette.

Cette tactique « pacifique » ne doit toutefois pas donner ses fruits assez vite : la violence policière refait surface. Tout recommence lorsque trois employés de l’entreprise décèdent en raison d’un incendie, pour l’instant inexpliqué. Immédiatement, sans enquête et sans preuves, les opposants au projet minier sont montrés du doigt par les autorités. Le 2 décembre 2009,  la police débarque pour arrêter neuf paysans. Leurs voisins sortent dans la rue et tentent de les défendre. La situation dégénère, la police tue deux paysans, dans le dos, et en blesse plusieurs autres. « Légitime défense ». « Non, nous n’avions pas d’armes et nous étions en train de fuir », répondent les paysans. Bien entendu, « l’enquête suit son chemin », mais les communautés ont bien peur de faire office de bouc émissaire…! Cependant, point positif, la Defensoria del pueblo, après une autopsie des corps, penche pour la version des paysans.
Enfin, dernier point de la nouvelle stratégie de l’entreprise minière : prendre la pouvoir dans la province. Pas moins de 3 nouveaux candidats appartenant à des partis politiques jusqu’à là inconnus ont fait leur apparition pour participer aux élections du 3 octobre 2010.

8 –Majaz/Rio Blanco, l’histoire est loin d’être terminée

Aujourd’hui, avec 300 mises en accusation en cours, 32 personnes victimes de tortures, 4 morts du côté des paysans et 3 du côté de l’entreprise, le cas de Majaz/Rio Blanco - projet minier d’abord mené par une junior, puis par une entreprise anglaise, devenu majoritairement chinois aujourd’hui, avec, comme actionnaire potentiel, la première fortune du pays - est un exemple représentatif des méthodes employées par les compagnies transnationales lorsqu’elles souhaitent accéder à leurs fins.

Intimidations, terreur, achat des consciences, division des communautés, emploi de la force publique, criminalisation, prise du pouvoir politique local…, rien ne fait défaut à la guerre que mène la compagnie minière aux communautés paysannes de la partie andine de la région de Piura. « Avatar, c’est n’est pas qu’un film », nous dira un de nos interlocuteurs de cette journée d’enquête à Piura. Il faut dire qu’Avatar, que nous avons vu pendant un de nos nombreux trajets en bus, du fait de la ressemblance de son scénario avec bien d’histoires réelles - les lémuriens multicolores mis à part - a été fort bien reçu par les mouvements qui luttent contre ce genre de projets. Prochain épisode ? Le président du Conseil des Ministres a annoncé l’installation d’une base militaire dans la zone du conflit. Vous l’aurez compris…

 
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Kri kri
Irkita

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