samedi 24 avril 2010

01-02-2010 : San Ignacio, province écologique

(mise à jour le 24 avril 2010)
1-De Jaen à San Ignacio : du sable au verre….

Autant Jaen est une ville supposément dangereuse, poussiéreuse, tristounette, autant San Ignacio, capitale de la province voisine, située elle aussi dans le département de Cajamarca, respire la quiétude. Le chemin que nous empruntons pour y accéder n’est asphalté que sur la moitié du trajet, ce qui ne dérange pas le taxi collectif qui nous y amène, qui, pied sur l’accélérateur quoi qu’il arrive, file à toute allure. Le bon côté des choses, c’est que le paysage un peu monotone n’a pas le temps de nous ennuyer, vue la vitesse de son défilement devant nos yeux. Le vert liquide des rizières et le vert jaune des champs d’ananas se mélangent pendant les deux premières heures de trajet dans une ambiance un peu asiatisante. Un peu plus loin, alors que la terre remplace le bitume, la route, plus sinueuse, surplombe le rio Chinchipe qui vient de l’Equateur tout proche. Parfois, quelques zébus, résistants mieux que les vaches aux climats tropicaux, posés nonchalamment sur la route, bloquent le passage et nous offrent quelques minutes de répit et de silence. C’est fou ce que cela peut faire du bruit, une voiture sur des chemins de terre. Surprenant aussi comment change la perception et comme la route parait plus étroite qu’elle ne l’est dans les virages bordant le précipice. Moi, je les aime bien, ces zébus qui nous ralentissent un peu. En plus, ils ont l’air de savoir ce qu’ils veulent, vous ne trouvez pas ?


2 – Bienvenue, à San Ignacio, province écologique

Nous voici donc dans la fameuse province de San Ignacio, située à la frontière avec l’Equateur, raison pour laquelle elle est visitée de temps à autre par quelques touristes en transit. Les coordinatrices de la table de concertation de Cajamarca n’avaient pas tari d’éloges sur leur équivalent d’ici, et la municipalité écolo de la ville nous a souvent été citée en exemple : un maire écolo au Pérou, c’est rare. Du coup, entre café écologique et commerce équitable, programme de recyclage des déchets et la gestion de projets concertée, c’est une ville qui, semble-t-il, cumule les alternatives. En tous cas, la cité dans laquelle nous arrivons en fin de journée, perchée sur un flanc de vallée face à un relief verdoyant et nuageux, semble se porter plutôt bien. Ici, comme l’annonce la statue d’une femme, panier de grains rouges à la main, on cultive du café. En fait, je ne crois pas en avoir déjà parlé, mais les photos l’ont parfois illustré : souvent, dans les villes que nous avons traversées, une statue met en scène la principale caractéristique ou l’activité prédominante de la cité. On trouve ainsi, par exemple, une statue d’Inca à Banos del Inca, une statue de mineur à Potosi, une statue de zombie à Jaen … Non, je plaisante…

Un peu plus loin, à l’intérieur de la ville, sur les murs, les slogans affichent la couleur. Ici, le café est organique. Ici, on protège l’environnement. Quelques fois, c’est même un peu démagogique : «sois intelligent, protège ton environnement» ou « San Ignacio, on te veut propre, c’est la responsabilité de tous ». Mais bon, il faut savoir ce qu’on veut, non ? Et pour clouer le tout, sur la plaza de armas, face aux locaux de la table de concertation, nous accueille la colombe de la paix avec, en arrière plan, la permanence de « Tierra y Libertad ».


3 – Une table de concertation qui concerte …

Chose promise, chose due. La table de concertation de San Ignacio sait ce qu’est la concertation. Déjà, alors qu’il est 18h00 passées, nous sommes reçus par le secrétaire technique qui ne se trouvait pas dans les locaux, mais qui nous y a rejoint en moins de 5 minutes sur l’appel de sa secrétaire. « Kri kri ». Comme les Awajuns nous ont fait attendre et que le café équitable de Jaen n’était pas tout à fait équitable , on n’est pas mécontents d’être accueillis ainsi, d’autant plus que, selon la description qu’il nous en fait, la table de concertation parait exemplaire. Forcément, difficile d’imaginer qu’il nous en dise du mal depuis la position qu’il y occupe. Mais comme il s’agit d’une structure dont le but est d’être un espace de dialogue et de décisions concertées, la savoir encadrée par quelqu’un qui la défend la rend d’autant plus crédible. Et les photos que je peux admirer du fond de la poche depuis laquelle j’assiste à l’entretien sont là pour prouver que les ateliers et les réunions – où sont abordés les thèmes divers, comme la santé, l’éducation, le développement, l’écologie, le traitement des déchets, la nutrition, etc. - se font bel et bien…
Bien. Mais la table de concertation et la gestion alternative qu’elle promeut ont-elles du poids au point de pouvoir freiner les projets miniers encouragés par le gouvernement ?, - nous demandons-nous, un peu perplexes quand, en sortant, on se retrouve nez-à-nez avec un poster vantant les bienfaits de la prochaine signature de l’accord d’association avec l’Union Européenne.
A cette interrogation, les données sur les exportations du café de la province de San Ignacio fournissent une piste de réponse. En termes purement financiers, la café de San Ignacio n'a rien à envier à une hypothétique mine (il faut dire que jusqu’à là les rondas campesinas de la province se sont toujours opposées aux projets miniers). En plus, la filière du café emploie plus de gens et respecte l'environnement puisque en plus d'être équitable (commerco justo) et écologique (bio), la culture du café cultivé à l’ombre favorise la reforestation....
J’oubliais : la dernière question que nous avons posé au secretario de la table était : « Il y a-t-il un endroit emblématique des résultats de votre travail ? ». « Oui », nous répondit-il. L’endroit s’appelle San José de Lourdes. Un nom miraculeux, non ? Alors, c’est parti pour voir !

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Kri kri
Irkita

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