lundi 15 février 2010

23-01-2010 : Cajamarca, c’est là que tout commence

Il y a quelques siècles maintenant, deux frères n’avaient rien trouvé de plus orignal que de se faire une guerre de succession suite à la mort de leur père. Alors que l’un des deux, toute sa cours et son armée étaient en direction de la capitale de l’empire – Cuzco - pour en déloger l’autre, on entend parler d’hommes blancs montant des monstres à quatre pattes qui auraient débarqué non loin, sur la côte. Cet homme est Inca et s’appelle Atahualpa. Afin de rencontrer les nouveaux venus qui affirment pouvoir l’aider dans sa guerre fratricide, ce dernier leur donne rendez-vous à Cajamarca. On dit aussi qu’il aurait été blessé lors d’une précédente bataille contre son frère et qu’il se dirigeait vers Cajamarca pour se faire soigner dans les bains thermaux de cette cité. Une autre version raconte encore que l’arrivée d’hommes blonds sur des chevaux fait partie des légendes incas et que le dernier empereur de cette civilisation voit ce débarquement comme un signe. En gros, on n’en sait rien. Mais une chose est sure, nous sommes en 1532l’Histoire est en marche.
Car effectivement, quasiment au même endroit et au même moment, un homme venu d’Espagne, un peu bandit, nobliau sans terre complètement fauché, débarque sur les terres de l’Inca en compagnie de 180 compagnons d’armes. Tous n’ont qu’une seule idée en tête : faire fortune.

Enfin, le jour de la rencontre. Le prétendant au trône fait camper sa troupe de 40 000 hommes en bordure de la ville pour assurer sa sécurité. De leur côté, les Espagnols, menés par leur chef Pizarro, mettent en place une stratégie dont le but est de prendre en otage celui qu’ils ont invité à discuter. Ils quadrillent la place centrale de la ville et lorsque le prince Inca arrive sur la place, ils le font rapidement prisonnier, puis se lancent à la poursuite de son armée qui, sans son chef et sous le coup de la panique face aux armes à feu et aux sons lui déferlant dessus, se retrouve complètement désorganisée. Ce jour là, 150 hommes équipés de quelques armes à feu et de chevaux auxquels on a fixé des grelots vont complètement bouleverser le cours des événements. On estime que 20 000 incas sont tués, dont une bonne partie de la noblesse.

« La situation est grave mais pas désespérée », doit se dire Atahualpa : « si je suis prisonnier, c’est forcément pour servir de monnaie d’échange ». Il sait ce qui intéresse ses ravisseurs. Il obtient la promesse de sa libération en échange d’une fois la quantité d’or et de deux fois celle d’argent nécessaires pour remplir la pièce dans laquelle il est enfermé, jusqu’à la hauteur de son bras levé. C’est un des détails de l’histoire. Six tonnes d’or et d’argent d’objets religieux seront fondus et transformés en lingots. C’est comme cela que commence le pillage de l’Amérique du sud par les Européens.
Un autre détail, c’est qu’une fois sa promesse tenue, à la place d’être libéré, il aura « la chance » d’être exécuté et de mourir par strangulation plutôt que par le feu, parce qu’il accepte in extremis de se convertir au christianisme. Ben, oui, pour les incas, si on veut franchir le seuil de la mort, il parait qu’il faut conserver son corps à peu près intact. Voici comment s’écroula un empire et comment un brigand de l’Estrémadure  devint aussi puissant qu’un roi. L’Histoire a décidément un sens de l’humour que j’ai toujours autant de mal à comprendre. Remarque, j’ai parfois aussi du mal avec le sens de l’humour des humains.
Le motif de tant de haine de la part des envahisseurs ? Mise à par la cupidité, on raconte que ce serait parce que le prince inca aurait jeté la Bible qu’on lui aurait tendue alors qu’il était prisonnier. On dit aussi, et c’est plus crédible, que la renommée d’Atahualpa au sein de son Empire était si grande et que l’homme était si intelligent, que les Espagnoles eurent peur de le relâcher et préférèrent s’en débarrasser. Doit-on voir cela comme le reflet d’une forme supérieure de civilisation ou l’expression de cette fameuse « main bienveillante, paternaliste et civilisatrice de l’homme blanc qui éduque ces sauvages d’Indiens » ! Peut-être même qu’il s’agit encore une fois de la même main invisible ?

C’est pour cela qu’à Cajamarca, on dit que c’est ici que le Pérou est né. On a connu des enfantements plus joyeux. Probablement que les habitants de Lima pensent que c’est chez eux que cela s’est passé, mais c’est une autre histoire.

Aujourd’hui, mise à part les bains incas à quelques kilomètres du centre ville, la pièce où fut détenu Atahualpa, ainsi qu’un morceau de rocher vaguement creusé et recouvert par la mousse, situé sur une colline surplombant la ville qu’on appelle « le siège de l’Inca », il ne reste strictement rien de l’époque précolombienne. Ce qui n’empêche pas la ville d’avoir un centre ville colonial dans lequel il est agréable de flâner. D’autant plus agréable, qu’il s’agit de la capitale péruvienne des produits laitiers et donc … et oui, du fromage ! Ah, le fromage de Cajamarca, j’en garde des souvenirs émus. Comme je repense avec tendresse à mon ami, le dragon-chicken, dont j’avais souvent entendu parler mais que je pensais être une légende. Et bien, non, nous l’avons croisé tout de plumes et de feu vêtu. Il est tenancier d’un restaurant en centre ville. A l’origine, c’était un poulet qui en avait marre qu’on se moque de lui. Alors il a changé d’apparence. Ca me laisse rêveuse…


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Kri kri
Irkita

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